Deux voix, deux chants en contrechamp. Algérie-France. Abdel Sefsaf, chanteur, musicien, comédien et metteur en scène, apporte son orgue de « Berbérie », en écho à ces joueurs de rue à qui il ne fallait pas davantage pour faire spectacle. André Minvielle, chanteur, conteur et homme orchestre, apporte sa « main-vielle à roue ». La rencontre de ces deux instruments à manivelle, quelque peu « trafiqués » et capables de de projeter des images autant que de produire des sons, tient d’emblée du merveilleux.
Une autre rencontre se greffe sur la première. Celle, improbable, de deux personnages auxquels les deux chanteurs musiciens improvisateurs souhaitent rendre hommage. D’une part, il y a Slimane Azem, fabuliste, poète, chanteur et musicien berbère, interdit de séjour en Algérie dans les années 1960. Cet éternel exilé croise ici la route de Germaine Tillion, résistante, femme de lettres et ethnologue. Le destin de cette femme exceptionnelle est lui aussi lié à l’Algérie.
Abdel Sefsaf dédie une chanson originale au musicien algérien qui ne jurait que par les fables de La Fontaine. André Minvielle chante Germaine Tillion. D’autres textes, comme « Etranges étrangers » de Jacques Prévert, viennent faire écho aux thématiques abordées par les deux artistes. Le reste repose sur leur talent d’improvisation vocale et musicale. Et sur la poésie de leurs instruments mécaniques, à même de nous rendre les visages de Germaine Tillion et de Slimane Azem par la grâce d’un petit tour de manivelle.